Cela fait un moment que je m’intéresse au modélisme nord-américain. Comme toute personne partageant ce centre d’intérêt, arrive forcément un moment où l’on entend parler de la National Model Railroad Association (NMRA). Cette association est responsable des normes (standards) qui permettent à nos trains de rouler et elle fournit des outils pratiques comme le gabarit NMRA. Mais elle ne fait pas que cela : elle propose depuis 1961 les achievement certificates, des « certificats de réussite ».

11 certificats

Sans entrer dans les détails — nous en reparlerons plus longuement bientôt — onze certificats sont proposés, dans quatre catégories :

• Équipements ferroviaires
  • Matériel moteur (Motive Power)
  • Matériel remorqué (Cars)
• Décors
  • Structures (Structures)
  • Décor (Scenery, ajouté en 1963)
  • Construction d’après prototypes (Prototype Models, ajouté en 1985)
• Ingénierie et exploitation
  • Ingénierie civile (Model Railroad Engineer - Civil)
  • Ingénierie - Électricité (Model Railroad Engineer - Electrical)
  • Chef Dispatcher
• Au service du hobby
  • Rôle officiel dans l’association (Official)
  • Bénévole de l’association (Volunteer)
  • Auteur (Author)

Obtenir sept de ces certificats, dont au moins un dans chaque catégorie, vous octroie le titre de Master Model Railroader.

Pour obtenir chacun de ces certificats, une importante somme de travail est nécessaire. Un exemple avec le certificat Motive Power : « construire intégralement une locomotive et en super-détailler deux ». Pour certaines personnes — dont moi — c’est un challenge inédit ! Mais c’est le but : l’Achievement Program (AP) est présenté par la NMRA comme un moyen de se dépasser soi-même et de monter en compétences. Et il est accompagné d’une obligation morale à aider autrui à monter en compétences.

Cependant, face à ces difficultés perçues, il fallait trouver une manière de motiver les modélistes à se lancer.

Vous avez dit Golden spike ?

Le golden spike symbolise l’achèvement d’une ligne ou d’un projet. La NMRA a repris ce terme pour créer, en 1987, un certificat séparé des onze autres, qui a pour but d’être accessible à un maximum de membres.

Afin d’obtenir le Golden Spike, il faut répondre aux conditions suivantes, qui reprennent certaines des catégories présentées plus haut.

Matériel roulant : présenter six modèles de matériel roulant, qu’il s’agisse de wagons construits en scratch, de kits artisanaux ou de wagons commerciaux (kits ou non) superdétaillés. L’échelle importe peu, on peut panacher ! Contrairement à certaines catégories des AP, ici aucun modèle n’est évalué.

La documentation sur le site n’est pas à jour, car elle n’indique qu’un travail sur des kits, mais, renseignement pris, vu que plus personne ou presque le fait de shake the box kits, le superdétaillage de wagons ready-to-run est accepté, et la patine est comprise dans le superdétaillage.

Réseau : Construire un minimum de huit pieds carrés (0.74m²) de réseau ou de modules, décoré, à n’importe quelle échelle.

Il faut que ça ait l’air d’un réseau : exit la plaque de contreplaqué avec quelques voies punaisées. Mais ce n’est pas un produit tout fini qui est demandé pour autant. Pour preuve, mes fonds de décor imprimés et non-détourés n’ont pas été retoqués.

Structures : Construire cinq structures (bâtiments, ponts...) soit en scratch, soit en kits artisanaux, soit en kits commerciaux superdétaillés.

Voies ferrées : présenter trois types d’appareils de voie (par exemple, aiguillage, croisement, traversée, etc.). ). Tous doivent être correctement ballastés et installés sur une plate-forme appropriée. Des produits commerciaux peuvent être utilisés et peuvent être identiques (trois aiguilles, trois croisements...). Ils doivent bien entendu être fonctionnels, et il faut pouvoir le prouver si nécessaire ; en attendant, par défaut, la confiance règne.

Câblage : toutes les voies installées sur le réseau doivent être correctement câblées afin que deux trains puissent être exploités simultanément. C’est faisable avec une double voie, mais aussi avec une voie unique présentant un évitement. Pour la commande, tout est autorisé : commande DC avec blocs ou DCC, ou autre forme de contrôle. Idem : on fait confiance.

Dispositif électrique supplémentaire : présenter un dispositif électrique supplémentaire, tel que des aiguillages à commande électrique, une signalisation, indication des aiguillages, bâtiments éclairés, etc.

Vous le voyez, il s’agit de choses que l’on peut facilement faire dès un premier réseau ; le Golden Spike peut convenir pour se donner un objectif à atteindre quand on débute. Autre possibilité : confirmer que l’on sait déjà faire des choses grâce à ce certificat.

Comment faire ?

Je me connais depuis le temps : je n’arrive pas à pratiquer le modélisme ferroviaire sans avoir des objectifs à remplir, et surtout des échéances à respecter (entendez par là « sortir mon réseau en expo »). Et j’ai tendance à rester confortablement sur mes acquis. Je comprends que ce système d’achievement n’est pas forcément la tasse de thé de tous les modélistes, mais les certificats de la NMRA m’intéressent, précisément afin de sortir de ma zone confort !

D’un côté, ils peuvent me permettent d’avoir des objectifs précis à remplir faire que l’électricité de mon réseau soit propre, essayer la construction intégrale de matériel roulant. De l’autre, ils amènent à d’autres échéances, comme présenter les modèles construits en expo. J’ai « passé » mon Golden Spike pour voir comment ce système de certificats fonctionnait.

J’ai donc adhéré (pour moins de 40€) à la NMRA British Region, European Division [1]. Contre cette cotisation, j’ai accès à pas mal de doc (dont un magazine), à des contacts, au programme achievement, etc. Et mon adhésion a permis de doubler le nombre de membres de la NMRA en France !

J’avais déjà regardé si j’avais validé les pré-requis pour le Golden Spike, et, bien que des exemples soient fournis, j’avais un doute sur un point : peut-on présenter du matériel roulant ready to run détaillé et patiné ? J’ai contacté le responsable du programme Achievements de la NMBA BR, Keith Webb. Celui-ci m’a renseigné et encouragé : l’accompagnement est de qualité.

J’ai alors assez rapidement monté un dossier sur la base de mon réseau, que j’ai envoyé. Les images illustrant cet article sont d’ailleurs tirées de ce dossier. Seul ce dossier a été vérifié : il n’y a pas eu d’examen, ni de rendez-vous. « Nous sommes assez souples sur les exigences pour encourager l’implication dans l’AP » m’a dit Keith. Bien entendu, les autres certificats ne sont pas tous sur dossier : il y aura des choses à montrer et à faire évaluer !

Keith, secondé par Mick Moignard (MMR), ont vérifié que le dossier replissait bien les critères et m’ont envoyé mon certificat. Je les remercie chaleureusement, car toute cela s’est fait la semaine précédent la préparation de la convention nationale de la NMRA BR, où certains étaient fortement engagés.

Au final, pour un modéliste ayant quelques années de pratique, le certificat est faisable. Il m’a aussi permis de regarder mon évolution : j’ai démarré le N américain en 2019, et entre les premiers modèles patinés et ceux actuels, je pense avoir fait des progrès. Et, rétrospectivement, depuis mes débuts en 1998 (déjà !) je pense avoir encore plus progressé.

Mon objectif actuel est donc de terminer mon réseau pour une exposition à venir ce printemps, avant d’attaquer sérieusement des autres certificats. Celui de « Auteur » est déjà dans les tuyaux, mais pour les suivants, je ne sais pas encore par quoi commencer !