Pour ceux qui connaissent déjà les trains américains, Pelle K. Søeborg est un nom bien connu. Pour les autres modélistes ferroviaires, son travail devrait être utilisé comme une référence.
Pelle est un modéliste ferroviaire très talentueux et ses œuvres sont connues dans le monde entier. Il est un contributeur prolifique de Model Railroader, crédité de nombreux articles et 15 couvertures.
Le visiter a été une excellente occasion de comparer la vie de nos modélistes, entre la France et le Danemark.
La découverte d’un nouveau monde
Comme beaucoup de modélistes ferroviaires, Pelle a toujours aimé les trains. Il a commencé enfant, en collectionnant des trains Märklin avec quelques bâtiments Faller. Faute d’un espace approprié pour créer un réseau, le sol est l’endroit idéal pour assembler un circuit et jouer. Devenu adolescent, son intérêt pour ses trains a diminué et, quand il quitte la maison de ses parents, il vend tout ses trains.
C’est une histoire familière pour la plupart des amateurs de trains miniatures : à un moment donné, une fois passées quelques années, la plupart des modélistes décident de revenir à leur passe-temps en achetant des trains qu’ils connaissent, les trains locaux. Pelle a une histoire différente : « au début des années 1990, je suis tombé sur des numéros du magazine Model Railroader (MR) vendus d’occasion dans une librairie de Copenhague. Les scènes réalistes sur la couverture ont attiré mon attention ».
Subjugué par cette découverte, il achète tout le stock de magazines et les lit et les relit. « Je n’avais jamais vu de modèles réduits comme ça auparavant et j’étais fasciné par les détails des réseaux présentées ». Cependant, être cette découverte du modélisme américain n’est qu’une heureuse coïncidence : « si cela avait été un magazine de train européen que j’avais rencontré ce jour-là, j’aurais probablement travaillé sur des trains européens ». »
« Sentir l’atmosphère »
Travailler sur des prototypes de trains américains n’est pas une tâche facile. Après avoir travaillé sur un premier diorama « qui ne ressemblait en rien aux réseaux que j’avais vus dans MR », Pelle réalise que faire des recherches est un élément très important pour construire un réseau convenable. À l’époque, le Web faisait ses premiers pas : il n’y avait ni Google ni bases de données d’images en ligne ! Alors en 1992, il décide de profiter d’un voyage d’affaires aux États-Unis pour y prendre plein de photos et d’inspirations.
Son premier réseau est basé sur les Tehachapis en Californie, un endroit célèbre pour les ferrovipathes. Le réseau sr base sur une vraie documentation, et après sa construction, il fait la couverture de Model Railroader, « ma première couverture ». C’est le début d’une riche collaboration avec Model Railroader ; Pelle y est Model Railroader contributing editor depuis 2013.
Depuis, Pelle a visité les États-Unis à plusieurs reprises, parfois invité par des expositions de trains pour donner des masterclasses. Cependant, comme il le reconnaît, un voyage aux États-Unis prend du temps et n’est pas vraiment abordable. Mais pour lui, la visite des lieux est cruciale : « Je ne suis pas en mesure de modéliser quoi que ce soit de manière convaincante sans avoir été là-bas et de l’avoir vu de mes propres yeux. Reniflé l’atmosphère comme on pourrait dire ».
Pelle voyage avec une liste d’endroits et de choses qu’il souhaite voir. « Cela peut être tout, de la végétation au tracé des routes. » De nos jours, les voyages coûteux peuvent être remplacés par des recherches en ligne. « J’ai vu de superbes réseaux de personnes qui ont fait toutes leurs recherches sur Internet », dit Pelle, en regardant l’avenir de notre loisir.
Faire du modélisme ferroviaire américain au Danemark
Comme en Europe francophone, les modélistes ferroviaires qui aiment les trains américains sont assez rares au Danemark. « Je pensais que j’étais la seule personne au Danemark à modéliser des prototypes américains, mais c’était avant Google et Facebook. » Son premier article dans Model Railroader lui donne tort : il est à ce moment là contacté par un groupe de personnes qui modélisent des trains américains depuis une décennie.
Aujourd’hui, Pelle rencontre régulièrement quatre personnes au Danemark qui partagent son intérêt pour les trains américains. Il assiste également à des expositions de trains miniatures où se rassemblent des passionnés américains et à des événements FREMO-US en Europe. Même s’il ne rencontre pas beaucoup de gens qui modélisent d’autres trains que ceux des USA, Pelle voit que les trains américains attirent de plus en plus de modélistes grâce aux normes FREMO : « la communauté qui modélise les trains américains ici au Danemark grandit ».
Pelle aime les événements sociaux et les discussions avec ses amis sur Facebook, mais il préfère travailler seul. Un choix individuel motivé par les résultats qu’il souhaite atteindre : « en matière de modélisme, je ne fais aucun compromis. Et vous devez le faire si vous êtes dans un club ». Et il ne fait aucun compromis : combien de modélistes ont représenté de l’herbe fraîchement tondue, comme il l’a fait sur le module sur lequel il travaille actuellement ?
Modéliser le temps présent
Lors de ma visite à Pelle en décembre 2019, il a travaillait sur quelques modules FREMO. Son dernier livre Built a sectional layout l’a tenu en tension pendant quelques mois et maintenant il profite de moments plus reposants. Son module comporte une seule voie, avec une voie de dépassement et une voie de service. Aucune industrie n’est vraiment reliée au chemin de fer, une situation assez courante en réalité mais assez peu souvent représentée sur des réseaux. Pelle aime beaucoup les bâtiments, qu’il réalise en construction intégrale, représentant « des bâtiments tout simplement ennuyeux » qu’il a pris en photo ces dernières années.
Le travail de Pelle est vraiment un must. Voir ses dioramas et ses réseaux inspire beaucoup de modélistes. Mais ne voyez pas son travail comme un objectif inaccessible. Le rencontrer est vraiment quelque chose dont vous vous souviendrez car ce maître du modélisme est une personne accessible, qui partage ses connaissances avec les autres et les aider à améliorer leurs compétences. N’est-ce pas ce que nous attendons d’autrui dans notre hobby ?