Trains des Amériques

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Le T-TRAK, quésaco ?

Sauf mention contraire, Texte et photos : gibet_b
Trains des Amériques n°1, Mai 2020

Lorsque l’on planifie la réalisation d’un nouveau réseau, on a le choix entre opter pour un réseau d’un seul tenant ou pour un réseau modulaire. Et si notre choix se porte sur ce dernier, un nouveau dilemme s’offre à nous : modules de conception libre ou modules normés ? Le T-TRAK est justement l’une de ces normes possibles. Voyons dans cet article ses principales caractéristiques, ses avantages et même ses inconvénients.

En théorie, le T-TRAK existe à toutes les échelles à voies normales - mon petit doigt me dit qu’on est pas prêt de voir du T-TRAK en Sn3 -, mais en pratique il est surtout connu pour sa déclinaison à l’échelle N (1:160). C’est son échelle historique, et celle dans laquelle il demeure (nettement) le plus populaire. C’est donc sur le N que va porter la suite de mon article, car c’est aussi celle que je pratique pour le train nord-américain.

Avant toute chose, précisons que le « T » de T-TRAK veut dire « Table », car ce sont de petits modules destinés à être posés sur une table (et accessoirement, un bout de table suffit également pour leur réalisation). Point donc de système de piétement sur ces modules, si ce n’est de petits pieds réglables destinés à palier d’éventuels différences de niveaux entre les tables lors d’une exposition (+- 3cm).

D’un point de vue technique, on pourrait dire que la base du T-TRAK, c’est la voie Unitrack de chez Kato.

Quelques règles et des modules standard

La première règle est en effet que l’entrée et la sortie d’un module se fasse avec ce type de voie. Le choix s’est porté sur celle-ci à cause de sa fiabilité malgré les démontages répétitifs et pour ses facilités d’assemblage.

L’autre règle à laquelle on ne peut déroger est l’espacement des voies (car les modules T-TRAK sont à double voie) : 33 mm, ce qui correspond à l’écartement des doubles voies monobloc de la marque. Le positionnement de la voie par rapport à l’avant du module est également important d’un point de vue esthétique, mais n’est pas déterminant pour la compatibilité des modules entre eux.

Enfin, pour terminer avec les principes fondamentaux du T-TRAK, parlons des principaux modules standards (il en existe davantage mais les autres types sont plus rares car à usage plus particulier) :

  • Le module droit fait 300mm en profondeur, et 308 de largeur pour un simple. On peut faire un module double de 618mm de largeur ou un module triple de 928mm de largeur. A noter qu’il peut (comme dans l’image ci-dessous) mesurer 355mm de profondeur, mais ce choix se rencontre finalement assez rarement, car il peut poser notamment des problèmes pour le fond de décors et le raccordement électrique.
    Module standard droit
    © t-trak.org (source)
  • Le module courbe fait 365mm x 365mm. Cela représente un quart de cercle. Il arrive de voir des modules demi cercle, mais c’est plus rare que les modules droits doubles ou triples.
    © t-trak.org (source)
  • Le module contre-courbe est d’une forme relativement libre, pourvu qu’elle s’inscrive dans un carré de 551mm de côté.
    © t-trak.org (source)

Ces trois types module permettent déjà de réaliser un certain nombre de réseaux.

Beaucoup d’avantages au T-Track !

Maintenant que nous en avons vu les principales caractéristiques, intéressons-nous à ses qualités.

Tout d’abord, c’est idéal pour l’initiation au modélisme ferroviaire. La menuiserie est très simple, et peut d’ailleurs se faire en carton de calendrier. La partie électricité est également très réduite. Et chose qui n’est pas forcément un avantage que pour les débutants : de par la taille réduite des modules, on a relativement vite l’impression de terminer quelque chose et on évite les longues séances d’une même activité (ballastage, flocage, etc.).

La taille réduite des modules est également un avantage en terme de manipulation : il est très facile et pratique de travailler sur ces petits modules, sur le coin de son bureau. En cas de besoin, on peut le tourner dans tous les sens afin d’avoir la meilleure position possible pour ce que l’on a à faire.

Mon premier module, intitulé « Gare de Saint-Tite »
Les maisons sont réalisées selon la technique du « paper kit », modélisées avec Model Builder puis imprimées sur papier photo.

Autre avantage de la petitesse de ces modules : il est facile de trouver la place chez soi pour les ranger. Pour ma part, j’avais un espace perdu dans mon bureau, entre deux autres meubles. J’ai donc réalisé une « bibliothèque à modules », et je peux déjà y ranger huit modules (simples droit ou courbe), de quoi faire un peu plus que le double ovale de base.

Mon deuxième module, sur le thème des « hors réseaux »
En plus de la technique du « paper kit », j’utilise un peu d’impression 3D pour mes modules. Les arbres viennent d’AliExpress. Mon objectif est de faire du modélisme sans trop bourse délier (j’avais déjà une imprimante 3D pour un autre usage, et puis c’est maintenant très accessible).

Enfin, last but not least, je terminerais par un avantage que je qualifierais de « social ». Réaliser un module T-TRAK permet de participer facilement à un réseau collaboratif de grande taille lors d’expositions. En fait, c’est même l’un des principaux avantages à respecter une norme. Quand on a de la place chez soi que pour des dioramas, cela permet de réaliser tout de même quelque chose sur lequel les trains vont rouler.

Mon troisième module, un petit entrepôt Owens Illinois, s’inspirant d’un plus gros à Montréal
Cet entrepôt, également en paper kit mais « tout fait », vient cette fois de chez Team Track Models. En revanche, j’ai réalisé moi-même les remorques de camions « Hervé Lemieux », moitié en impression 3D, moitié en papier.

Quelques inconvénients

Bien sûr, tout n’est pas rose au pays du T-TRAK, et il y a aussi des inconvénients.

Si la voie Kato est bourrée de qualités, elle reste une voie avec ballast intégré, et donc pas très jolie sortie de la boîte. Il faut donc redoubler d’ingéniosité pour lui donner un air présentable (reballaster par-dessus, diminuer sa hauteur en surélevant les abords de la voie, etc.).

De même, on peut être dérangé par le plan de voie assez rigide et quelque peu rectiligne, et donc peu réaliste. En réalisant des modules un peu plus grands, on peut se permettre quelques originalités, mais sur un module simple, c’est à peu près impossible.

Dernier inconvénient auquel je pense : la norme prévoit que la voie dépasse d’un millimètre (minimum) de chaque côté du module, de manière à être assez permissif sur la qualité de la menuiserie. Les modules ne sont donc pas jointifs (CQFD !) et la continuité du décor n’est donc pas vraiment possible. Pour ma part, j’ai résolu ce problème en envisageant mon réseau T-TRAK comme un réseau de diorama. Je suis un thème (le Canada), mais il n’y a pas de continuité autre d’un module à l’autre.

Par exemple, une route s’arrête en bord de module et ne continue pas (forcément) sur celui d’à côté. De toute façon, je n’agence pas toujours mes modules de la même manière - et ça, en revanche, cela peut être une qualité supplémentaire.

Un système à tester !

Voilà, j’arrive au bout de cette présentation, loin d’être exhaustive. J’espère que je vous aurai donné envie d’en savoir plus sur le T-TRAK. A cet effet, vous trouverez des liens sous l’article. Pour ma part, je suis ravi de pratiquer cette norme pour mon réseau US, et je lui vois beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients.

Pour en savoir plus :


À propos de l’auteur

Je pratique le modélisme ferroviaire américain à l'échelle N et le français à l'échelle HO (personne n'est parfait). J'en parle sur mon blog et mes chaînes YouTube, et j'échange volontiers sur le forum.

Voir sa présentation et ses articles.

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Crédits : sauf mention contraire, texte et photos par gibet_b ; CC-BY-NC-SA ; Trains des Amériques, Mai 2020.

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