J’avoue qu’une photo d’ambiance n’est pas forcément représentative d’une ligne ferroviaire dans son ensemble. Cependant, j’ai eu quelques surprises, comme on en trouve dans cette Amérique du sud, encore trop peu explorée par les modélistes européens !
Le Ferrocarril General Belgrano et le Belgrano Sur

La ligne Belgrano Sur (LBS), est un reste de l’ex-réseau Ferrocarril General Belgrano. Après la nationalisation au sein de l’Empresa de Ferrocarriles del Estado Argentino, le Belgrano connaît bien des vicissitudes. Son réseau de plusieurs milliers de kilomètres, allant de l’Atlantique jusqu’au Chili (le célèbre Train des nuages), est grignoté ici et là. Lors de la privatisation des chemins de fer à la fin du XXe siècle, le réseau est séparé en de multiples lignes indépendantes et déconnectées, gérées par des compagnies privées.
Le Ferrocarril General Belgrano est à voie métrique, particularité conservée par le Belgrano Sur. Cela nous change de la voie normale ou des écartements de trois pieds, que l’on a en tête quand on pense « Amérique ». Mais l’Argentine utilise aussi bien de la voie métrique que de la voie normale ou de la voie large de 1676 mm.
Le LBS est aujourd’hui une ligne de banlieue exploitée par Trenes Argentinos Operaciones. Elle transporte 17 millions de personnes par an entre le centre de Buenos Aires et sa banlieue sud. La ligne fait 64 kilomètres de long, et comporte 30 stations. Elle part de l’Estación Sáenz (provisoire) et va jusqu’à Tapiales, où se trouvent les installations de maintenance. De là, elle se divise en deux : une branche part vers Marinos del Crucero General Belgrano et l’autre file vers Marcos Paz.
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Le réseau est à double-voie sur l’immense majorité de son tracé, sauf entre Libertad et Marinos del Crucero General Belgrano, et entre González Catán et Marcos Paz.

La station Apeadero Kilómetro 12 est un terminus « à contre-sens » de la branche allant vers Estación Marinos del Crucero General Belgrano, juste avant Tapiales. Elle sert de terminus à certaines navettes, car en correspondance avec la branche allant vers Marcos Paz et avec une ligne à voie normale du Ferrocarril General Roca.
Le trafic de marchandises est inexistant, à part pour quelques trains de travaux. Une gare de transfert existait de Puente Alsina (Intercambio Midland), au bout de la branche partant de Apeadero Kilómetro 12, mais est à présent abandonné, visiblement sans projet de réouverture.
Une ligne orientée vers le futur

Bien entendu, ces lignes ont une saveur particulière. D’un côté, on va trouver des voies entièrement neuves, avec des aiguilles dernier cri et un ballast de compétition, de l’autre on trouvera des voies noyées dans l’herbe, qui ont clairement vu de meilleurs jours. Mais tout roule !

Chaque branche est concernée par une prolongation : Estación Sáenz est un terminus provisoire, car la construction d’un viaduc est en cours pour faire arriver le LBS dans la gare de Plaza Constitución, dans le centre-ville de Buenos-Aires. De l’autre côté, les gares sont progressivement réouvertes (entre González Catán et Navarro), et la ligne retrouve progressivement un peu son tracé passé


Idem pour le matériel roulant, avec, en 2018, des rames encore composées d’une locomotive diesel EMD tractant des voitures quelque peu spartiates (mais tout le monde est peint proprement). Cette configuration de oblige à couper la loco du train et à remettre la machine en tête à l’extrémité actuelle de la ligne, car les trains de voyageurs ne sont pas équipés de voiture pilotes. Quand les locomotives sont utilisées avec le long hood en avant, elles doivent être conduite à deux personnes pour des raisons de visibilité.

Pour améliorer tout cela, de toute nouvelles automotrices CNR de fabrication chinoise ont été livrées en 2017.

Il est bien entendu possible de remonter le temps, à l’époque des rames de voyageurs peintes couleur bordeaux, avec des locomotives rouge et jaunes, ou de redécouvrir des autorails allemands à la belle livrée argent et rouge.
Quant à la photo d’en-tête, hé bien je n’ai toujours pas trouvé où elle avait été prise. Mais je ne regrette pas d’avoir découvert d’autres facettes de ce chemin de fer des Amériques !