Trains des Amériques

Test et essais

« Led there be light ! »

Sauf mention contraire, Texte et photos : Luc
Trains des Amériques n°10, Mars 2021

Il faut bien éclairer son réseau. Pour cela, il existe des dizaines de méthodes. Je n’arriverai pas à être objectif. Ce que je peux faire, c’est recouper des expériences, des conversations et des lectures. J’ai d’abord essayé de me documenter et d’avoir l’air « scientifique », mais ça ne marche pas !

Mon historique dans le domaine

Ce bon vieux tube néon.
Leridant, CC-BY-SA (source)

Ma toute première ébauche de réseau d’expo était éclairée par des tubes néon ; c’est ce qui se faisait à l’époque ! Il fallait choisir la longueur adaptée, et aussi la température de couleur, c’est à dire choisir entre « 827 » et « 840 ». Je ne m’intéressais qu’aux deux derniers chiffres, 27 étant 2700K, lumière chaude, et 40 étant 4000K, réputée « neutre », et subjectivement plus satisfaisante, plus « belle » à mes yeux.

Cette notion de température de couleur est très importante pour nous ; je dirais bien qu’elle fait partie de notre « art », elle conditionne, emballe notre modélisme.

À l’expo de Chambéry, nous étions voisins de Christian « Vlad » et de son adorable « Mickaël Harbour ». Nous exposions « Bolormaa Mashbalgir », et une différence majeure entre les deux réseaux concernait la chaleur de la lumière. Le réseau de Christian, et c’est un choix délibéré de sa part, est éclairé par des petits spots au ton chaud donnant à tout le paysage des nuances de soleil couchant, tandis que « Bolormaa » baigne dans une vive lumière de grand jour à 4000K.

Températures de couleur de sources courantes
Ce diagramme inclut la gamme de températures Kelvin.
Contributeurs de Wikipédia en fraançais, CC-BY-SA (source)
Fluocompacte.
Matthew Bowden, aucune restruction d’usage (source)

Après les tubes néon ont apparu les fluocompactes, et je les ai bien sûr essayées.

D’abord, elles n’ont existé qu’en blanc chaud, ce qui avait, à mes yeux, l’inconvénient de faire baigner tout le paysage dans une dominante jaune assez envahissante. Ce caractère était surtout perceptible en photo. D’ailleurs, on observera que le niveau d’exigence d’une partie du public a augmenté avec l’apparition et la généralisation en expo des appareils photo numériques et des smartphones ; tout le monde en a un, et il est très important pour les exposants d’en tenir compte !

Puis sont arrivées (du moins, dans mon « Mr Bricolage » favori) les fluocompactes 4000K, dénommées, comme les tubes néon, « 840 ».

C’était la première fois que j’étais entièrement satisfait d’un moyen d’éclairage ; elles ont (presque) tout ! Puissantes, pas trop encombrantes, faciles à remplacer en cas de pépin, et surtout, elles donnent à un décor l’ambiance que je souhaite.

Elles ont pourtant quelques défauts mineurs : il leur faut quelques minutes pour chauffer et donner toute leur lumière, elles ont moins de longévité que ce que la publicité prétend ; je me souviens aussi que j’avais été surpris de leur relative cherté.

Mais bon ; à l’époque et à mes yeux, c’était vraiment un très bon outil, que j’ai utilisé longtemps.

C’est à peu près à ce moment-là que j’ai appris l’existence des rubans de leds.

Ruban de LEDs
Andrey Gvrv, CC-BY-SA (source)

Et voilà bien un moyen avec lequel je n’ai pas eu de bonnes expériences ! Il faut d’abord avoir la chance d’en trouver de bonne qualité ; ensuite, il faut couper, souder, chipoter, ça se décolle et ça pendouille (CSZ), il y a assez vite des sections qui s’éteignent… De nombreux modélistes ne jurent que par ça, mais moi, je n’aime pas !

On voit qu’elle a servi, il y a encore de la couleur dessus !
photo 06

Enfin, je n’aime pas cette FORME ; la technologie LED, elle, est très séduisante pour notre usage. J’ai utilisé pendant quelque temps, à la place des fluocompactes blanc froid, des ampoules à LED blanc froid, de la marque Xanlite.

Très bon moyen : puissant, plus fiable que les fluocompactes, mais malheureusement aussi encombrant : il leur faut un vide technique d’une douzaine de centimètres de haut. J’en ai utilisé dans « Bolormaa », et ça ne posait pas de problème, dans ce cas précis ; mais il faut le prévoir !

Bolormaa, au cœur de la Mongolie

La révélation

J’avais déjà vaguement entendu parler de ces panneaux, sur le forum belge néerlandophone MSM ; mais ce jour-là, à Edegem, j’ai vu « Odsherreds Jernbane », le réseau de Steef van der Straeten, et j’ai été subjugué par la lumière qui en émanait ! Renseignements pris auprès de l’auteur, il utilise ceci :

Les panneaux de LEDs !
Rintojiang, CC-BY (source)

Ce sont des panneaux de LEDs, conçus pour être intégrés dans des faux plafonds de bureaux. Le résultat est magnifique : une belle lumière bien diffuse, puissante, claire sans être glacée ; ce que nous cherchions !

Odsherreds Jernbane est inspiré de la campagne danoise, est très beau, et la lumière lui rend parfaitement justice.

(photos 09 et 10, source beneluxspoor.net)

Steef m’a expliqué qu’il se fournissait ici. Au retour, j’ai commandé, pour « Puerto de Los Speculos », celui-ci :

https://www.ledlichtstunter.nl/led-paneel-60x60cm-40w-4000k-helder-wit.html

  • je n’ai pas osé prendre le 6000K ; j’ai eu peur que ça fasse trop « couloir d’hôpital »
  • les dimensions sont par multiples de 30 cm
  • un petit transfo (ils disent « driver ») est inclus
  • comme éclairage complet convenant pour un réseau entier, ce n’est pas très cher
  • ça mesure moins d’un cm d’épaisseur (CSZ, derechef)

Je n’ai pas fouillé leur site très attentivement à la recherche de fixations (en fait, je m’en suis rendu compte quand le panneau est arrivé chez moi, 23 heures après avoir été commandé), et donc j’ai bricolé des petites attaches. De toute manière, c’est très léger ; ça n’a décidément que des avantages !

En faisant une recherche avec les mots-clés « panneaux LED France », il en surgit plusieurs. À tenter, vraiment !

Lux, lumens, watts et autres candelas

Le fait que « Puerto » a un paysage dénivelé, presque vertical, m’a permis de me rendre compte d’une autre donnée.

D’abord, un préambule. Les physiciens qui liront ceci diront que je suis bièsse, et ils auront raison ; j’essaie seulement d’expliquer simplement ce que je crois avoir compris. On est donc dans l’approximation sauvage !

Le CANDELA est l’unité d’intensité d’une source. Le LUMEN est l’unité de flux lumineux émanant de cette source. Comme je perçois l’affaire, le candela a quelque chose de statique : c’est la source lumineuse, et elle ne se déplace pas. Le lumen, en revanche, est dynamique : c’est le flot de lumière qui coule vers l’objet à éclairer.

Donc, le lumen, c’est la lumière ÉMISE ; et le lux, enfin, c’est la lumière REÇUE. On perçoit tout de suite qu’il y a une différence, qu’il doit y avoir des pertes entre l’émission et la réception.

En fait, l’éclairement diminue en raison inverse du carré de la distance. Un projecteur de 1 lumen produira 1 lux à 1 mètre sur une cible de 1m2 , et seulement ¼ lux à 2 mètres sur la même cible de 1m2. Je trouve cette idée impressionnante.

Et c’est ça qui m’a posé un problème : il y a environ 50 cm de dénivelé entre le haut et le bas de la ligne de « Puerto de Los Speculos », qui génèrent une différence de lumière perceptible. J’ai heureusement pu compenser ça en ajoutant une source lumineuse, mais aussi, j’ai appris quelque chose !

El cielo de Puerto de Los Speculos

Les réseaux à fort dénivelé sont assez rares, mais même dans un réseau normal, il est utile de se souvenir de cette notion de « carré de la distance » ; au moment de la conception, il faut s’arranger pour que la source lumineuse soit raisonnablement près de ce qu’il y a à éclairer !

Un dernier point : nous sommes habitués à voir des puissances d’ampoules lumineuses en watts, et maintenant elles sont en lumens ; c’est moins parlant, sauf si on sait qu’il suffit de considérer que, à la louche, 10 lumens équivalent à 1 watt.

La lumière vient de tout le ciel

En expo, la plupart des visiteurs sont aimables, curieux et bienveillants. Mais on tombe quand même parfois sur des « je-sais-tout » ; et je me souviens d’un en particulier, qui m’avait clairement fait sentir que je n’y connaissais rien, qu’il était éclairagiste de cinéma et qu’il allait m’apprendre.

Ce monsieur affirmait que dans la nature la lumière vient D’UN SEUL POINT (le soleil, en l’occurrence), qu’il était donc absurde d’éclairer un réseau avec de la lumière diffuse, qu’il fallait utiliser un spot puissant sis en un point, et destiné à éclairer tout ce petit monde.

Je ne discute pas, quand ça arrive ; je remercie aimablement du conseil, je dis que je vais y penser, et je ne contredis pas, ça les relance !

Mais on imagine assez la catastrophe que ce serait, avec des ombres dures, des endroits suréclairés et d’autre pas du tout…

Quand il y a des nuages, il y a de la lumière quand même ; elle vient, de façon diffuse, de tout le ciel.

Aujourd’hui

Sankou Ferry

Je constate, avec « Sankou Ferry », que :

  • en couvrant au maximum le plafond de dalles de led à 4000K
  • en mettant un fronton qui descend bas assez pour qu’un visiteur de taille moyenne ne VOIE pas les sources de lumière
  • en veillant à ce que les sources ne soient pas à plus d’une cinquantaine de cm de la scène

j’obtiens un résultat qui me plaît énormément. De plus :

  • ça ne chauffe pas
  • ça consomme peu
  • c’est léger
  • ce n’est pas hors de prix.

« Give it a try », comme ils disent !


Je ne veux pas donner à penser que je détiens la vérité. Ceci est juste l’aboutissement de ma petite expérience. D’autres parmi nous ont vécu d’autres choses, arrivent à d’autres conclusions, et c’est cool, n’est-ce pas ? N’hésitez pas à partager vos expériences ! - Luc


Sauf mention contraire, le texte et les photos de cet article sont disponibles sous licence Creative Commons BY-NC-SA.

Crédits : sauf mention contraire, texte et photos par Luc ; CC-BY-NC-SA ; Trains des Amériques, Mars 2021.

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